Déclin des relations amoureuses et sexuelles

Un des paradoxes les plus flagrants de ces 15 dernières années concerne le décalage entre la prolifération de moyens censés faciliter les rencontres intimes et le déclin des relations amoureuses et sexuelles.

Dans mon dernier livre, Reprendre le contrôle, je cite quelques chiffres marquants :

• En France, la fréquence des rapports sexuels a chuté de 15 points entre 2009 et 2024.

• La moitié des hommes et 42% des femmes admettent avoir renoncé à un rapport sexuel pour regarder une série.

• Chez les moins de 35 ans, les jeux vidéo et les réseaux sociaux sont plus populaires que les relations sexuelles.

Comment expliquer alors ce paradoxe ?

D’abord, les plateformes de rencontres n’ont pas amplifié l’univers des possibles pour trouver l’âme-sœur : elles ont cannibalisé toutes les autres façons de se rencontrer.

Vers 2012 (tiens, tiens, toujours la même année charnière entre les technologies que j’appelle « solide » et « liquide »), la majorité des couples ont commencé à se former en ligne, en détriment des autres voies [Stats Opal].

Comme dans d’autres aspects de notre vie, tout repose de plus en plus sur une matrice numérique dont nous dépendons pour recevoir des recommandations ou être « matchés ».

Tel que l’explique Aurélie JEAN, Ph.D., nous tendons à perdre nos « repères dans la sphère physique, ne sachant plus comment interagir avec autrui, comme draguer, comment plaire ou tout simplement aimer. » [Excellent article dans commentaires]

 
 
 
 

Celle-ci montre comment les plateformes de rencontres reproduisent les mêmes schémas que les réseaux sociaux où des « bulles nous enferment dans des visions biaisées du monde nous amenant à discriminer l’autre davantage dans la sphère virtuelle ».

En parallèle de cette peur de l’échange spontané, se produit un recentrage sur soi. La rencontre avec l’autre est en concurrence avec un myriade d’activités numériques qui ne requièrent pas ce petit effort nécessaire pour briser la glace.

Voici aussi le phénomène qu’a constaté une autre chercheuse, Alice Evans, au gré d’entretiens dans des dizaines de pays pourtant très divers. De plus en plus de personnes préfèrent être seules à être en couple par facilité, penchant pour regarder une série chez elles plutôt que de sortir et de se donner l’opportunité de rencontrer d’autres personnes.

 
 

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A tel point que la déflagration de la natalité ces dernières aurait davantage trait au déclin du nombre de couples qu’aux facteurs généralement avancés pour l’expliquer (hausse du coût du logement, accroissement du taux d’activité des femmes, etc.).

Non pas que tout le monde doive vivre en couple si ce refus est volontaire. Mais s’il est établi que la solitude est corrélée à un certain mal-être, il est plus pertinent que jamais de fomenter des espaces pour que toutes les rencontres, y compris intimes, ne reposent pas que sur cette matrice numérique…

… où sans qu’on ne s’en aperçoive, elles intègrent la sphère marchande et deviennent l’objet d’un business.

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